Je n’ai rien à dire sur Madrid.
C’est-à-dire, je n’ai rien à dire sur Madrid à propos de nous. C’est comme si cette ville ne nous concernait pas. En ce qui me concerne, en tout cas. Madrid c’est la ville de ma mère avant tout, c’est à elle que je pense en premier. C’est d’ailleurs pour fêter son anniversaire qu’on s’y est retrouvés, pendant quelques jours furtifs de février. Je sais qu’on a marché dans ses rues animées, que j’ai pris des photos de toi sur la Plaza Mayor, qu’il faisait froid et ton maillot de corps ramené des Canaries ne t’aidait pas. Je sais qu’on a dormi ensemble dans l’appartement de Chueca, celui que ma mère réserve systématiquement chaque année, et qu’on a mangé ensemble dans les bodegas de Malasaña. Je sais qu’on était là quand elle a soufflé ses bougies, qu’on a chanté et qu’après on est rentrés à pied.
Mais je ne me sens pas concernée.
Madrid, je la connais surtout sans toi. Et je crois que c’est pareil pour toi.